Le Marché à la ferraille
Le tableau avait été accidenté et présentait deux larges zones de déchirures complexes, des perforations et d'importantes déformations de toile. Les déchirures représentaient au total une longueur de 220 cm linéaires, la toile, de tissage serrré, comptant 20 x 21 fils par cm. Ces déchirures avaient étaient provisoirement maintenues par des papiers de protection. La coaptation des déchirures a été particulièrement difficile en raison des déformations et distorsions de la toile, occasionnant d'importants décalages entre les bords déchirés. Nous avons procédé au repérage au crayon des fils dans les deux sens du tissage, en vue de leur réalignement, puis avons progressivement rapproché et replacé les bords déchirés, avec des mises en tension locales. Les 2,20 mètres linéiares ont été suturés selon notre technique (amalgame de poudre de lin et d'adhésif), à raison d'un fil sur deux : soit plus de 2200 fils recollés. La toile a été partiellement déposée du châssis et retendue, retrouvant sa planéité. Par ailleurs, la couche colorée était encrassée et couverte d'un vernis jauni : le vernis a été décrassé et allégé, puis les lacunes mastiquées et retouchées de manière illusionniste. Cette dernière intervention a été menée par notre consœur Anne-Elizabeth Rouault.
Se déroule en trois phases principales : 1. parement de la déchirure, coupure ou lacune (suppression des fils détissés, élongés, formant surépaisseur) ; 2. coaptation de la déchirure (réalignement des fils dans les deux sens du tissage, rétablissement de l'orthogonalité de la maille, avec un système de repérage des fils à réaligner, si nécessaire avec mise en tension ou traction des bords déchirés) ; 3. suture des fils réalignés, par manchonnage ou pontage des extrémités rompues (avec une pâte ductile composée de poudre de lin ou chanvre et d'un mélange d'adhésif à base aqueuse. Dans certains cas, nous proposons le traitement par couture au fil chirurgical (selon la technique développée au Stedelijk Museum d’Amsterdam). Nous réservons ce type de traitement aux déchirures des toiles de doublage ou de rentoilage, ou aux toiles originales épaisses
Le comblement des manques, lacunes de couche picturale, est réalisé avec un mastic facilement réversible à l'eau, dont la surface est texturée pour imiter et prolonger les reliefs de la matière picturale avoisinante
Les manques, une fois mastiqués, sont réintégrés de manière illusionniste avec un matériau de retouche (en général à liant résineux) qui sera très facilement réversible par la suite avec des solvants non agressifs pour les couches picturales huileuses
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